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LABORATOIRE VERTIGO
Au bord du précipice. L’expérience du vertige dans l’oeuvre de Johan Parent "Laboratoire Vertigo"
Par Marie Griffay. Version intégrale publiée sur www.portraits-lagalerie.fr - 2016
Vous connaissez ce lieu. Vous y êtes passé 1 fois, 2 fois, 100 fois. Vous le connaissez sans toutefois le reconnaître. Sans le reconnaître puisque cet endroit n'existe pas. Il n'est que la synthèse de milliers de lieux semblables ; de couloirs d'écoles, de bureaux, d'administrations, d'hôpitaux, de tribunaux… Il est surtout le couloir que vous avez arpenté la nuit lorsque, les yeux clos, vous déambuliez sans but dans cet endroit désert ; sans trouver d'issue à cette errance involontaire. Vos yeux se promènent dans cet espace intermédiaire familier et découvrent un point de fuite, une sortie vers la gauche. Il s'agit d'un parcours fermé sur lui-même ; aucune sortie n'est possible : vous êtes dans un labyrinthe. Cette boucle spatiale et temporelle est sans échappatoire ; oserez-vous ouvrir l'une des portes de cette mystérieuse administration ?

Au bord du précipice. L’expérience du vertige dans l’oeuvre de
Johan Parent "Laboratoire Vertigo" (extrait)
Par Marie Griffay. Version intégrale publiée sur www.portraits-lagalerie.fr - 2016
Vous connaissez ce lieu. Vous y êtes passé 1 fois, 2 fois, 100 fois. Vous le connaissez sans toutefois le reconnaître. Sans le reconnaître puisque cet endroit n'existe pas. Il n'est que la synthèse de milliers de lieux semblables ; de couloirs d'écoles, de bureaux, d'administrations, d'hôpitaux, de tribunaux… Il est surtout le couloir que vous avez arpenté la nuit lorsque, les yeux clos, vous déambuliez sans but dans cet endroit désert ; sans trouver d'issue à cette errance involontaire. Vos yeux se promènent dans cet espace intermédiaire familier et découvrent un point de fuite, une sortie vers la gauche. Il s'agit d'un parcours fermé sur lui-même ; aucune sortie n'est possible : vous êtes dans un labyrinthe. Cette boucle spatiale et temporelle est sans échappatoire ; oserez-vous ouvrir l'une des portes de cette mystérieuse administration ?
[…] Ce vertige qui vous saisit est bien réel : une partie du sol s'est dérobée sous vos pieds. Vous n'aviez pas remarqué tout de suite que les carreaux blancs étaient des précipices. La familiarité du lieu vous l'a fait reconnaître immédiatement : votre vision n'a sélectionné que quelques éléments essentiels à la compréhension de l'espace.Votre imagination visuelle a ensuite complété la scène de façon automatique, vous faisant tomber dans le piège de l'illusion. Vous voilà rassuré : vous vous trouvez bien dans un rêve, tout ceci ne peut pas être réel. Ce damier vous rappelle celui d'un jeu d'échec. Impossible de vous dérober à la partie, vous êtes coincé sur le plateau de jeu. Serez-vous un pion, un cavalier, un roi ?
[…] Avec les dessins de la série « Laboratoire Vertigo », Johan Parent fait explicitement référence au réel pour mieux introduire un élément perturbateur : un sol à la configuration impossible. Le procédé « d'étrangisation » des objets consiste à compliquer la forme, il accroît la difficulté et la durée de la perception. Ce détournement d'un élément familier permet à Johan Parent de restaurer l'étrangeté initiale d'un lieu qui, à force d'habitude, était parcouru de manière automatique.L'illusion du « Laboratoire Vertigo » est révélée ; le sol de cet espace commun et vraisemblable est en fait incomplet. Soit le corps perd l'équilibre, obéissant aux lois de l'attraction terrestre. Sa pesanteur l'entraine alors dans une chute irrémédiable ; la chute soudaine, angoisse fondamentale de l'homme, qui réveille brusquement le dormeur. Soit le corps conserve la consistance du rêve et flotte à la surface tel un esprit. Là, les évènements, dans leur différence radicale avec les choses, ne sont plus du tout cherchés en profondeur, mais à la surface, dans cette mince vapeur incorporelle qui s'échappe des corps, pellicule sans volume qui les entoure, miroir qui les réfléchit, échiquier qui les planifie.
[…] Les déplacements dans les quatre dessins de la série « Laboratoire Vertigo » sont également contraints : chaque joueur se déplace de cases en cases sur cet échiquier / décor de jeu vidéo / plateau de jeu de société en évitant de tomber dans les précipices. Cet espace confiné implique un nombre de mouvement réduit. Les règles qui sont à l'œuvre dans les quatre dessins peuvent évoquer celles qui régissent les déplacements dans le couloir d'un service administratif : les corps se déplacent le long des murs, se dirigent vers un objectif, dans un parcours imposé par un chemin signalé, obéissent à un code social implicite. Ces lieux aux décors fortement dépersonnalisés n'invitent pas à la détente ni à la flânerie. […]
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[Elongation] [Dancing hall] [Grow room] [Variation] [Compression]
20
[Laboratoire vertigo] [Echo] [Zone d'éclatement]
19/18
[Burn out] [Chercheur] [Matière grise] [S.O.M]
[Performance d'une machine détraquée]
17/16
[Laboratoire vertigo] [Clac clac clac] [Parquet flottant]
15/14
[Matière grise] [Echo] [Laboratoire vertigo] [Flow]
[Sinkhole]
12
[Echo] [Sablière] [Objet asphyxié] [Persistance]
10/08
[Burn out] [Chercheur] [Matière grise] [S.O.M] [Marathon] [Self lavage]
STATEMENT
Johan Parent développe une pratique multiforme qui met en évidence le changement de statut de l'objet dans notre société, depuis l'avènement de l'automatisme. Dans l'héritage de Marcel Duchamp et de ses machines célibataires, il réalise ce qu'il appelle des « performances d'objets », œuvres composées d'installations, de vidéos, de dessins, où des objets familiers, animés d'un mouvement, se mettent à fonctionner de manière autonome, dans une action dépourvue de finalité. Ainsi, l'artiste envisage les objets à travers une déconstruction de leur fonctionnalité et de leur dépendance à la présence humaine. Au départ prothèses créées par l'homme, les machines finissent par symboliquement se substituer à lui et le caricaturer, ou mimer des situations corporelles. Personnifiés et dotés d'une étrange énergie, les objets deviennent alors des machines absurdes, contre-productives.
Johan Parent travaille dans le même temps sur nos espaces qu'il fait basculer dans une atmosphère rendue inquiétante, par ce principe de détournement et de dysfonctionnement des objets. Jouant sur la saturation ou le brouillage des espaces visuels et sonores, et orchestrant en circuits fermés des mécaniques compulsives, l'artiste crée des dispositifs autarciques qui traduisent des symptômes d'époque (anxiété, défaillance, sens désaccordés…). Comme si l'extrême de la technicité, sa maîtrise sans limite, généraient des environnements qui nous dépassent, des univers déshumanisés
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